samedi 13 avril 2024

Voyager : partons vite et rentrons tard

 


quand les matins semblent se dupliquer, quand la vision se brouille et qu'on ne saisit plus les nuances, le moment est venu de prendre de la distance, se faire la malle et se diriger vers l'ailleurs, aller inspirer un air d'une autre intensité, partir s'exposer à d'autres soleils, tendre l'oreille à de nouvelles fréquences, en résumé : tourner à gauche en débouchant sur la nationale et prendre quelques jours de vacances.

vendredi 12 avril 2024

Vivre : vivement dimanche

 
La fille de Jephté /Jean-Hugues Fabisch / Musée Granet / Aix-en-Pce
 
le stress : arriver à ce point précis où un simple sourire peut faire toute la différence 

jeudi 11 avril 2024

Vivre : défaut de consistance

 
Nymphe / Groupe statuaire de la route de Beaucaire / Musée de la Romanité / Nîmes

On a le droit de se tromper.
Sur des situations, sur les personnes.
On a le droit d'aimer, d'admirer, même.
Et puis...tout bien considéré... de se dire 
que ça ne valait vraiment pas la peine.
On a le droit de s'en aller avec légèreté.

mercredi 10 avril 2024

Vivre : la consultation

 
Personnage avec flèches / Jean-Michel Folon / Salines royales / Arc-et-Senans / 2023
 
Elle s'assied. Elle soupire. Elle se sent débordée, épuisée, elle ne sait plus comment parvenir à récupérer. Elle a pris rendez-vous pour qu'il lui prescrive de quoi la vitaminer. Quelque chose doit manquer à son organisme pour qu'il refuse régulièrement d'avancer. Elle dit qu'elle vit avec son temps. Elle projette son futur, elle travaille sur son passé, elle est à fond dans son présent. Elle mène sa vie tambour battant. Elle se tient toujours au courant et, du reste, elle court, elle ne cesse de courir, elle enchaîne les interventions. Et puis, elle prend aussi soin de sa santé : elle marche, elle bouge, elle s'adonne au yoga, elle s'exerce à la méditation. Elle gagne bien sa vie, elle a des amis, un cercle social bien fourni. Elle ne cesse ne mettre des coches dans toutes les listes de sa vie. Elle s'efforce sans arrêt de combler tous ses retards. Elle marque une pause. Elle hésite. Elle reprend : elle passe son temps à combler ses retards. Et elle y parvient... elle répète qu'elle a tout bon. Elle insiste : elle suit le rythme, tout est sous contrôle. Il y a juste que... elle vit tellement avec son temps, qu'elle ne comprend pas pourquoi son temps ne cesse de lui échapper... en fait, elle aurait besoin d'une semaine pour souffler.

mardi 9 avril 2024

Vivre : still life / 145

 

 
7'200 terminaisons nerveuses sous chaque pied. Impressionnante machine que ce corps où tout se retrouve connecté. Comment ferais-je sans cette balle géniale ? C'est elle qui m'aide à retrouver mon axe tous les matins, qui me permet de retrouver détente et verticalité en cours de journée. Apparemment grâce à ses picots la circulation sanguine se voit facilitée. En ce qui me concerne, m'empêchant de perdre la boule, elle me clarifie aussi les idées. Avec elle, pas question d'en avoir plein le dos ni de me forcer. Mes plantes l'adorent, mes orteils l'appellent, mes talons la réclament. Antidouleur sans ordonnance et sans effets secondaires, elle circule dans toute la maison, tantôt dans la salle de bain, tantôt dans les corridors. Magique, pratique et économique, elle roule pour ma santé et ça, c'est vraiment le pied!

lundi 8 avril 2024

Vivre : la TA

 
Femme assise jambes croisées / Pablo Picasso / 1906 / Národní galerie Praha / Prague
 
 
Le corps a ses raisons.
Le corps dit ses émotions.
Le corps est sous tension(s). 

dimanche 7 avril 2024

Habiter / Vivre : l'objet des tous mes désirs

 
Tokyo House / Unemori Architects
 
Longtemps, ce furent les catalogues de jouets. Couchée à plat ventre sur mon lit, les pieds croisés qui se dandinaient d'avant en arrière et le visage logé entre mes paumes, je me penchais pendant des heures sur les poupées Barbie, les mamans et les bébés. Et toutes leurs panoplies assorties. Un monde merveilleux s'étalait devant moi - évidemment hors de portée de mes économies - et Noël qui était toujours si loin, Noël qui se perdait dans un futur inaccessible... L'impossibilité de réaliser mes rêves laissait libre cours à mon imaginaire. En pâmoison, je tournais et retournais les pages.
Ensuite, ce furent les magazines qui montraient comment se maquiller, lip gloss, palettes d'ombres à paupières, mascara et eye-liner. Entre dix et treize ans, j'ai passé un temps fou devant tous ces fards tellement enviables que les adultes m'interdisaient. Le Graal s'appelait Yves Rocher, son Livre vert, je  le feuilletais jusqu'à l'usure (quand je pense qu'à présent, je ne sais comment me défaire de leur matraquage publicitaire...)
Tout cela est passé depuis longtemps. Maintenant, ce sont les reportages sur l'habitat qui stimulent mes pupilles, toutes les maisons du monde, pourvu qu'elles aient quelque originalité, qu'elles révèlent une manière nouvelle d'habiter, spécialement celles de dimensions réduites : les tiny houses, les cabanes au fond de forêts immenses, les chalets en bois lasuré dominant des paysages nordiques, les constructions inondées de lumière océanique, quel bonheur de les explorer ! Je me projette dans ces intérieurs, évaluant leur aptitude à m'accueillir en congé sabbatique de longue durée. J'explore d'autres vies possibles en parcourant revues et pages internet.
Même si je ne pourrais vivre dans aucune autre maison que la mienne, et si je ne peux concevoir que quelqu'un d'autre l'habite tant elle fait corps avec moi, j'adore m'infiltrer ailleurs par la pensée, émettre des propositions critiques, me projeter dans des espaces à conquérir. L'autre jour sur le site du Guardian ce reportage sur les logements urbains de petite taille mais aux larges perspectives m'a laissée songeuse. Comme autrefois, je me suis laissée aller à la noble activité de m'évader. Je me suis remise à explorer. Le bureau Unemori de Tokyo m'a littéralement scotchée. Spécialement la House Tokyo  un assemblage de boîtes où circule l'air en toute liberté, qui évoque une maison de poupées, une maison où l'on pourrait caser toutes celles qui autrefois me faisaient saliver.